Comment es-tu arrivé à Folk ? Et surtout, pourquoi y restes-tu ? ✄ Pour retrouver mon père. Je connais plus ou moins bien Folk, j'y venais durant les vacances quand j'étais petite pour y passer l'été avec mon charmant paternel, faisant les aller-retours entre cette ville où il vivait et Waterford, là où j'étais née et habitait avec ma mère. Lorsque celle-ci s'est remariée, il y a deux ans, et est partie en Cornouailles avec son nouveau chéri, à quoi bon rester là ? Je me suis naturellement rapprochée de la seule famille qui me restait en Irlande : mon père, à Folk.

Faire la fête, ça te parle ? Et en plus de ça, toute l'année !, qu'est-ce que cela t'inspires ? ✄ adolescente, j'étais pas super-coincée avec ses 300 chats mais j'étais pas non plus la reine de la fête - j'étais comme n'importe quelle gamine, la raisonnable dans la bande de fêtards. Maintenant, à Folk, j'ai l'impression de rattraper toutes ces soirées passées à s'occuper de ma mère et de mon petit frère au lieu d'aller boire une pinte au pub du coin. Je ne suis clairement pas la plus indomptable de la ville mais j'aime bien en profiter de temps en temps et aimer la musique est la seule chose requise pour se plaire ici. Tout est plus léger, plus simple que de là où je viens, ici tout est irréel. Et vraiment, je m'y sens à ma place. Non pas que ma ville natale ne me manque pas, au contraire, mais j'ai adopté toutes les coutumes, jusqu'au plus étrange, de cette ville unique en son genre et je n'ai pas dans les plans de la quitter prochainement. Alors ce soir, j'enfilerais une tenue rockabilly et on se retrouve au coin !

De quel époque es-tu le plus fervent adepte, au niveau musical bien sur !? ✄Les années 80 - principalement parce que le groupe le plus mythique parmi les mythiques à mes yeux, mon groupe préféré sur cette planète, The Cure, en est un phare mais j'aime me la jouer disco sur Diana Ross, chanter Dancing Queen à tue-tete (et faux bien sûr), Bananarama, Fleetwood Mac, The Clash, et MJ le roi de la pop bien sûr ! Je me suis toujours dit que je suis née trente ans trop tard. Les eighties, j'aurais pris mon pied chaque seconde de chaque jour.

Dévoile-toi ! Déballe-nous quelques croustillants adjectifs à ton égard ! ✄ excessive - créative - dynamique - pessimiste - sarcastique - illogique - observatrice - dévouée - persuasive - passionnée - indépendante - impatiente

From : livy.gold
To : luke-lover284

Bonjour (ou bonsoir, si t’es du genre à passer ta nuit sur ton ordi au lieu de sortir comme toute personne normale de ton âge) Luke-lover284
Dis moi, c’est pas un peu ringard comme pseudo, Luke-lover284? Enfin, peut-être que c’est la norme sur les sites de rencontres, j’en sais pas grand chose, étant donné que c’est le tout premier que je rejoins (et probablement le dernier, si tu veux savoir). Au début, j’étais franchement pas chaude pour m’inscrire, je t’avoue. Pour moi, les sites de rencontres, ce n’est qu’un vivier de geeks et de psychopathes qui ne parviennent pas à draguer en face à face, comme tout être humain. Les hommes préhistoriques n’avaient pas Meetic et pourtant ils sont parvenus à se reproduire, non ? Donc arrête-moi si je me trompe, mais on ne serait pas censés en avoir besoin non plus. C’est là que tu te demandes ce que je fiche ici. Tu as raison, c’est une question légitime, mais il y a une explication très simple à ça : une amie m’y a forcée. Crois-moi, elle peut être très convaincante quand elle le veut, surtout si elle use du chantage. Soit. Je te préviens, je ne suis pas ici pour chercher l’amour. Vraiment pas. Et, contrairement à ce que tu dois être en train de te dire, non je ne cherche pas un plan-cul non plus, mais étant donné que je viens de rompre avec mon dernier copain en date, ma coloc' n'a rien trouvé de plus drôle à faire que de me défier de m’inscrire sur meetic. Je sais, je devrais vraiment changer d'appart.

Bon, donc là, c’est la partie où je me présente, c’est ça ? Très bien, alors passons aux choses sérieuses : je m’appelle Sullivan, prénom typiquement irlandais, mais on m'a toujours surnommé Livy et personne au grand personne n'utilise jamais mon prénom complet. C'est ma mère qui y a tenu, en tant qu'irlandaise pure souche qu'elle est. C'est le prénom familial, mon papy s'appelait comme ça (oh là, pas de moqueries jeune homme, c'est mixte tu m'entends ?) et ça remonte à loin sur l'arbre généalogique. Déjà qu'elle râlait que je n'hérite pas de son nom bien local, O'Meryl, il fallait au moins qu'on sente mes racines folk dans mon patronyme. Certes.
J’ai 21 ans et je vis à Folk, chose que tu dois normalement savoir si tu as lu mon profil. Je préfère tout de même préciser, au cas où tu te serais contenté de regarder ma photo et de te dire « Ecrivons-lui donc, elle est rousse, elle doit être une proie facile.» Je ne juge pas, tracasse. J’ai toujours vécu à Waterford, en fait. Je suis née à Waterford, j’ai grandi à Waterford et qui sait, peut-être que je mourrais là-bas si me prend la fantaisie d'y retourner. Ce que j’aime cette ville… Les quais de déstockage du fleuve où je passais mon temps avec mon frère à lancer des cailloux le plus loin possible dans l'eau. Si mon enfance a été si chaotique, c’est à cause de mes parents, psychorigides et clairement incapable de relations humaines autres qu'avec les êtres directement crées par eux (mon frère et moi, en gros). J’ai toujours cru en le coup de la psychologie à la Freud : genre on est comme-ci ou comme-ça en fonction d’un milieu et du cadre social dans lequel on a évolué. Alors ça me paraissait bien étrange de n'avoir rien en commun avec eux. Mais je me suis rendue compte en grandissant que c’était du pipeau. (Comment j’ai pu faire confiance à un type qui s’appelle Sigmund ?!) parce que j’ai fini par comprendre que je n'avais pas à faire les mêmes erreurs qu'eux. Mes parents m’ont eu relativement tôt, ma mère avait 19 ans, et mon père 23. T’imagine le peu de différence d'âge. Pas du tout facile de grandir dans un cadre pareil, surtout si t'es l'aînée et que c'est toi qui joues les parents quand ils savent pas le faire. Ils se sont séparés alors que j'avais 8 ans, mon frère 6, et mon père est retourné dans sa ville natale, Folk. Mon enfance s'est plus ou moins passée ainsi : l'année à Waterford, l'été à Folk. Je ne peux pas me plaindre, ce serait trop mesquin. Tout s'est passé sans trop d'accros. Le problème c’est qu’il n’était jamais passé par la tête de mes charmants géniteurs que je n’ai pas forcément envie de devenir comme eux, bourreaux de travail, académique, obéissante. Ils auraient voulu que je sois première de classe, que je me présente comme déléguée, que je m’intéresse aux fluctuations de la bourse plutôt qu’au portrait de Dorian Gray. Moi, j’étais plutôt le genre à me passionner pour les groupes de rock des années 80, les soirées campings avec mes potes, les épaules des garçons et l'odeur de la nature après la pluie.

J’ai fait ma crise d’adolescence bien sûr, comme toute personne normale possédant un cerveau, un cœur, une conscience et le téléphone de quelques fréquentations douteuses en numérotation rapide. Ça criait beaucoup chez moi. Tant mieux, ça m’a conditionné pour aller voir des concerts.
J’ai finalement eu mon diplôme, sans trop d’efforts. J’ai jamais été le genre super studieuse à l’école mais je me débrouillais… Et puis j’étais soulagée que le lycée se finisse, c'était pas pour moi les castes et les clans, j'avais besoin d'un peu plus de folie que ça. Si bien que quand ma mère nous a annoncé qu'elle partait vivre à Brighton avec son nouveau mari, on a vu ça comme l'occasion parfaite de recommencer tout à zéro. Mon frangin est parti bien loin, au Canada, pour un an d'échange, et j'ai décidé d'aller rejoindre cette petite ville qui contenait tant de souvenirs d'enfance, Folk. J'y vis depuis deux ans maintenant et j'étudie la littérature, en combiné avec un petit boulot dans une librairie du centre. Les bouquins, toujours les bouquins. Je partage un petit appartement minuscule et tout mignon avec celle qui est devenue au fil du temps ma meilleure amie – et à part quelques imprévus sans qui la vie ne serait pas ce qu'elle est – tout se déroule gracieusement.

Tu sais quoi ? Ne réponds pas à ce mail. Je te l’ai dit, je ne cherche pas l’amour ici, et j’ai juste rempli mon gage alors maintenant je suis libre. Mais si tu veux un conseil, change de méthode. Comment peut-on espérer trouver le grand amour sur le net ? L’amour c’est un truc physique, c’est charnel. Se faire un écran, ça me dit trop rien.
Adieu et bonne chance dans la vie,
Livy.